C’est avec beaucoup de joie, et d’émotion aussi, qu’aujourd’hui, au nom de toute l’équipe des bénévoles, je vous accueille en ce lieu un peu particulier, mais tellement nécessaire, notre « épicerie solidaire ».
Parce que les personnes en difficultés dans notre secteur Nord de Pau sont de plus en plus nombreuses, depuis un peu plus d’un an, nous réfléchissions à la façon la plus juste, la plus pratique, la plus humaine de leur apporter une aide. Avec Fabienne, l’animatrice du Secours Catholique, actuellement en formation, puis Anne-Catherine, nous avons rencontré des bénévoles d’autres secteurs, visité d’autres épiceries solidaires et, après mûre réflexion, nous nous sommes lancés dans l’aventure … Le projet est devenu réalité grâce à toi, Fabienne. Tu nous as donné l’impulsion et l’envie de le mener à terme : merci pour ta ténacité et ton professionnalisme. Un merci tout particulier aussi à la trentaine de bénévoles qui m’épaulent : je sais que je peux compter sur eux !
La première démarche à effectuer: la recherche d’un endroit exclusivement réservé à notre activité ! Chacun a donné son idée. Courrier, coups de fil et … la réponse positive de Monsieur le Maire de Navailles-Angos, Monsieur HUNAULT, qui met à notre disposition ce local pour un an et que je remercie bien vivement ainsi que son conseil municipal.
L’aménagement et l’approvisionnement se sont faits très vite après la signature du contrat. Grâce à l’aide des employés communaux de Serres-Castet et de Thèze, nos armoires à provisions ont pris place dans notre … «magasin ». La Banque Alimentaire, avec laquelle nous avons une convention depuis plusieurs années, nous a fourni, non seulement tous les produits secs, mais, aussi, un congélateur et quelques produits surgelés. Un particulier nous a donné un frigo, des chaises et une table basse : le luxe ! Merci à tous pour votre soutien !
Ca y est ! Nous y sommes ! Depuis le 7 janvier dernier, l’épicerie est ouverte ! Les 1° et 3° jeudis du mois, de 9h30 à 11h30, nous accueillons les familles du secteur envoyées par les assistantes sociales. Si je dresse un bilan rapide, en 2 mois, nous avons reçu 20 familles soit un total de 74 personnes dont 8 enfants de moins de 3 ans.
La majorité de ces familles sont monoparentales : des mamans seules le plus souvent mais, de plus en plus de papas seuls. Les séparations, quelles qu’elles soient, sont les principales causes de précarité avec, bien sûr, le chômage et la maladie. Par ailleurs, très peu ont leurs racines ici et n’ont donc pas de familles à proximité : ceci s’ajoute à la difficulté d’intégration ! La plupart d’entre elles viennent de la ville pensant trouver à la campagne un peu de bonheur et de bien être. Malheureusement, elles ne font que déplacer leurs problèmes, sans compter que la voiture, indispensable chez nous, est un vrai produit de luxe !
Lorsqu’elles viennent nous rencontrer, ces familles sont sur la réserve. Mais, rapidement, après avoir bu le café, elles se sentent déjà mieux, parlent entre elles, se rendent compte qu’elles ne sont pas seules dans la galère et finalement, elles se motivent les unes les autres, proposent des échanges de coups de main, donnent des choses qui peuvent rendre service à d’autres et, ensuite …, elles font leurs courses, comme au supermarché, courses qu’elles payent 1/10 de la valeur marchande, si elles peuvent ! C’est peu mais, c’est très important de régler ses achats ! En fin de compte, elles ramènent chez elles les courses qu’elles ont payées et un peu d’énergie des uns et des autres. Pour elles comme pour nous, cette façon de procéder est très positive : la notion d’assistanat disparaît pour faire place à l’autonomie.
Dans notre mode de fonctionnement, nous avons souhaité qu’il y ait une participation extérieure parce que tous, nous sommes responsables les uns des autres. Par le biais du journal inter paroissial « Campanes », nous avons fait appel à des dons de produits que ne donne pas la Banque Alimentaire. C’est ainsi que nous avons des livraisons régulières de légumes du jardin, de fruits, d’œufs, de produits ménagers et produits d’hygiène ! « Bravo et merci » à tous ces donateurs, ils se reconnaîtront ! Les jeunes de l’aumônerie vont, eux aussi, être sollicités : dans un monde où règne le « chacun pour soi », l’éducation au partage est plus que nécessaire !
Je suis sûre que, les uns et les autres, vous avez pris conscience de l’importance et de l’utilité de ce lieu d’accueil. Convivialité, écoute, échange, partage, générosité, un bon cocktail pour faire bouger les choses, les hommes et les mentalités. Comment n’a-t-on pas pensé plus tôt à créer un tel espace ? Maintenant, il a le mérite d’exister, nous avons même envie de l’améliorer en créant un atelier-cuisine avec l’aide de la Banque Alimentaire. Pour cela, il nous faut plus de place. Vous l’aurez compris, nous sommes ouverts à toute offre intéressante.